Les «donnés»
Au Moyen-Age, le concubinage est assez fréquent et concerne principalement trois types de population:
- les misérables pas assez riches pour se marier
- les bénéficiaires de charges ecclésiastiques
- les riches, mariés ou non, vivant avec une fille de condition inférieure qu'il est scandaleux d'épouser
Ces unions d'amour, du moins de la part de l'homme, donne très souvent naissance à des bâtards que le père se charge d'élever. Ils vivent dans leur famille, le père les nourrit et les établit. Leur mère n'est pas systématiquement rejetée par la communauté.
En France, dès le XVIe siècle, dans le cadre de la Contre-Réforme qui entraîne un durcissement de l'attitude de l'Église vis-à-vis des murs, l'Église entreprend de faire disparaître le concubinage. Les concubins sont dénoncés en chaire et excommuniés. Ainsi au lieu d'entretenir la mère de leur bâtard et d'élever leur enfant, les pères se mettent à les chasser et nombre de ses enfants illégitimes sont abandonnés à la charité publique, quand ils ne sont pas tout bonnement étouffés secrètement par leur mère. En France, pour contrevenir à cette situation, sont instituées les déclarations de grossesse.
Mais en Savoie, la situation perdure. Au XVIIe siècle, on voit encore en Savoie nombre d'enfants bâtards élevés par leur père. Ils portent d'ailleurs le patronyme de leur père. On les appelle des "donnés". Cette mention est aussi bien présente dans la Gabelle du sel de 1561, la Consigne des mâles de 1726 que dans les registres paroissiaux et les actes notariés.
Ce ne sont pas des cas exceptionnels, dans la gabelle du sel de Viuz-en-Sallaz de 1561. Ils sont fréquents:
Nombre de feux: 216
Nombre de feux avec 1 donné : 16
Nombre de feux avec 3 donnés : 1
Nombre de feux avec 4 donnés : 1